Vincent Présumey
Le père de Maksim s’est exprimé sur Hromadske, radio ukrainienne, et l’on peut avoir ici ses propos et un résumé partiel en anglais.
Ses proches ont d’abord hésité à ce qu’une campagne publique pour sa libération s’engage, espérant sans doute un échange de prisonniers comme plusieurs ont déjà eu lieu, puisque Maksim Butkevitch est un prisonnier de guerre.
Mais ils ont vu que la propagande de l’État russe commençait à le présenter comme « un fasciste à la tête d’un bataillon punitif ». Ce qui, dit son père, signifiait qu’ils voulaient lui retirer son statut de prisonnier de guerre lié à des conventions internationales, pour pouvoir le tuer.
Maksim a été exhibé mais regarde dignement droit devant lui et ne dit rien. Ils ne l’ont pas fait parler.
Dès lors, ses proches ont estimé à juste titre que crier la vérité était la seule façon de tenter de le protéger.
Car la vérité constitue la raison pour laquelle l’Etat-FSB veut monter un procès truqué : Maksim est une grande figure en Ukraine dans le combat pour l’accueil et le droit des réfugiés, dans les causes démocratiques et humanitaires.
Bien sûr, pour les militants européens qui (comme certains d’entre nous) l’ont croisé, notamment dans la campagne victorieuse pour la libération de Sentsov et Koltchenko, nous avons un pincement de coeur qui nous donne l’ordre d’agir. Mais il n’y a pas que cela.
Crier la vérité sur Maksim, c’est exhiber le mensonge des « nazis ukrainiens » et la vérité de ce que veulent faire les poutiniens. Déjà, un père de famille en Russie est félicité pour avoir dénoncé aux autorités les « propos anti-patriotiques sur une prétendue guerre » tenue en famille par son épouse et son fils. C’est là le poison de la réaction sur toute la ligne, la réaction stalinienne, c’est la lie qui est au fondement du poutinisme.
Il n’y a pas, c’est vrai, de campagnes plus importantes que d’autres. Il faut libérer des peuples entiers, il faut libérer les syndicalistes bélarusses, il faut sauver les combattants traités de « mercenaires » dans le Donbass occupé. Mais la cause de Maksim les résume tous et en le défendant, nous savons maintenant que nous affrontons le pire de la réaction poutinienne, retour aux procés truqués de 1937, pour le stopper maintenant, et le battre !
Andres Nin non plus n’avait pas parlé, comme des centaines de milliers qui ont tenu bon face à l’ordre du mensonge. Le mensonge grossier, mais qui ne déconcerte plus car il soulève de honte et de révolte, est à nouveau là. Maksim est le drapeau de la vérité.
La vérité vaincra. Liberté pour Maksim Butkevitch, prisonnier de guerre et militant des droits humain !