Zbigniew Marcin Kowalewski
Dans cette guerre charnière à l’échelle mondiale, la nation ukrainienne lutte pour préserver son indépendance, obtenue il y a seulement 30 ans, après des siècles de domination et une russification acharnée. Elle devait faire d’elle une déclinaison de la nation russe « trinitaire » imaginée à l’époque tsariste et revendiquée par Vladimir Poutine. La classe dirigeante russe lutte pour la renaissance d’un impérialisme russe en plein déclin qui, sans contrôle sur l’Ukraine, risque de disparaître de la scène historique.
En 1937, lors d’une réception organisée à l’occasion du 20e anniversaire de la révolution d’Octobre, Joseph Staline a porté un toast « à la destruction de tous les ennemis – eux et leurs familles, jusqu’au dernier ! » Comme l’a noté dans son journal un témoin oculaire, Georgi Dimitrov, en portant ce toast, Staline a expliqué que les tsars avaient « fait une bonne chose : ils avaient rassemblé un immense État, allant jusqu’au Kamtchatka », et « nous, les bolcheviks, l’avons consolidé et affermi en un État, un et indivisible ». Par conséquent, « quiconque cherche à en détacher une partie ou une nationalité est un ennemi, un ennemi juré de l’État et des peuples de l’URSS. Et nous détruirons un tel ennemi, même s’il s’agit d’un vieux bolchevik ; nous détruirons toute sa parentèle, sa famille » (1).
De tout temps, l’impérialisme russe a reposé sur les idées du « rassemblement des terres russes » et de la construction de « la Russie une et indivisible ». Cet impérialisme a toujours été – et reste – aussi spécifique que la formation sociale de la Russie elle-même a été et reste particulière au cours des phases historiques successives de son développement, à commencer par le Tsarat de Russie (1547-1721). Vladimir Lénine, lorsqu’il a théorisé « l’impérialisme capitaliste moderne », a souligné qu’il était faible en Russie, alors que « l’impérialisme militaro-féodal » y était plus fort (2). Qualifier ce dernier de féodal était une simplification excessive. Sans doute à partir du milieu du XVIe siècle, à l’époque d’Ivan le Terrible, la formation sociale russe était essentiellement une combinaison de deux modes d’exploitation précapitalistes différents. Le premier, féodal, était fondé sur le fait que les propriétaires terriens extorquaient un surtravail aux paysans sous la forme d’une rente. L’autre, tributaire, était modelé sur l’Empire ottoman, alors le plus puissant (3), et reposait sur l’extraction par la bureaucratie étatique de l’impôt aux paysans.
En Union soviétique, c’est le dogme stalinien du développement unilinéaire de l’humanité, avec seulement cinq stades, qui était de rigueur. Le mode d’exploitation tributaire n’y avait pas sa place, d’autant plus qu’il pouvait être associé (superficiellement, mais non sans raison) à la domination de la bureaucratie stalinienne. Certains historiens soviétiques, sans transgresser formellement ce schéma, ont habilement contourné l’interdiction en l’appelant « féodalisme d’État » ou féodalisme « oriental », différent du féodalisme « privé » et « occidental ». Depuis le milieu du XVIIe siècle et presque jusqu’à l’abolition du servage en 1861, la troisième forme d’exploitation – et plus terrible pour la paysannerie – c’était l’esclavage, y compris la traite des êtres humains, vers lequel le servage russe a dégénéré en réalité.
Un surproduit minimal
Aucun de ces modes d’exploitation ne représentait (contrairement aux habitudes discursives prétendument marxistes) un mode de production, car il ne parvenait pas à se subordonner ni de manière formelle ni de manière réelle les forces productives, et ne garantissait donc pas leur développement durable et systémique. Cependant, c’est sur la base de ces modes d’exploitation que s’est formé l’État russe si particulier. Comme l’a fait remarquer Rouslan Skrynnikov, l’un des principaux spécialistes de l’opritchnina d’Ivan le Terrible qui a déclenché la toute première Grande Terreur en Russie et qui se noya dans celle-ci, « certaines de ses pratiques contenaient, comme à l’état d’embryon, tout le développement ultérieur de la monarchie absolue nobiliaire et bureaucratique » (4). De fait, non seulement d’elle, mais de tous les régimes despotiques russes jusqu’au XXe et XXIe siècles.
Un autre historien contemporain, Leonid Milov, avance des thèses très importantes sur les particularités du développement historique de la société russe. En partant de l’étude des conditions naturelles et climatiques de la production, il a développé une conception clé de « l’histoire de la Russie en tant que société à surproduit total minimal » (5). Les raisons en sont : par rapport à d’autres sociétés agricoles une très brève saison agricole en Russie centrale, déterminée par le climat, qui ne durait que de début mai à début octobre (en Europe occidentale, les paysans ne travaillaient pas dans les champs seulement en décembre et janvier) et la prédominance des terres pauvres en humus.
Cela a eu pour conséquences, « jusqu’à la mécanisation de ce type de travail, une faible fertilité et, donc, un faible volume du surproduit total de la société », ce qui « a créé dans cette région les conditions de l’existence, pendant des siècles, d’une société agricole relativement primitive ». Par conséquent, « afin d’obtenir un résultat minimum, il était nécessaire de concentrer le travail autant que possible dans un laps de temps relativement court. L’exploitation paysanne individuelle ne pouvait pas atteindre le degré indispensable de concentration des efforts de travail au cours des saisons de travail agricole objectivement existantes », de sorte que sa fragilité « a été compensée pendant presque toute l’histoire millénaire de l’État russe par le très grand rôle de la communauté paysanne » (6).
Unité des contraires
Le surtravail des paysans ne pouvait être extorqué – dans une large mesure ou même entièrement – qu’aux dépens du travail nécessaire à leur propre reproduction, c’est-à-dire par des méthodes d’exploitation absolue (plutôt que par une exploitation relative basée sur l’augmentation de la productivité du travail). Cela n’était pas possible sans leur imposer le régime de servage le plus dur possible, d’autant plus que, compte tenu des conditions générales de production, une forte organisation communale du travail était nécessaire. La nécessité « d’optimaliser la taille du surproduit total » – de l’augmenter dans l’intérêt des appareils d’État et de la classe dominante – était pressante, mais « sur la voie de cette “optimalisation”, c’est-à-dire de la nécessité objective d’intensifier l’exploitation des paysans, se tenait cette même communauté paysanne, bastion de la cohésion locale et moyen de la résistance paysanne » (7).
De là est née « une sorte d’unité des contraires : ce qui contrebalançait l’existence inévitable de la communauté était un contrepoids sous la forme de la variante la plus brutale et la plus sévère de la dépendance personnelle de chaque membre de cet organisme ». L’impossibilité de surmonter cette contradiction sans un développement considérable des forces productives, que ne permettaient pas les rapports d’exploitation précapitalistes, fait que le rôle de l’État consistait à « créer une classe dominante monolithique et puissante, capable de déraciner ou de neutraliser les mécanismes de défense de la communauté agraire dans le processus d’exploitation quotidienne de la paysannerie ». En résumant, selon Milov : « l’inévitabilité de l’existence de la communauté, conditionnée par ses fonctions productives et sociales, a fini par donner vie aux mécanismes les plus sévères et les plus brutaux pour extraire autant que possible du surproduit. D’où l’émergence du régime du servage, qui a pu neutraliser la communauté comme base de la résistance paysanne. À son tour, ce régime du servage n’est devenu possible qu’en raison du développement des formes les plus despotiques du pouvoir d’État – le régime autocratique russe » (8). C’est ce qui a soudé la classe dirigeante.
Où commence la périphérie
Parallèlement cependant, « le caractère extrêmement extensif de la production agricole et l’impossibilité objective de l’intensifier ont fait que le principal territoire historique de l’État russe n’a pas pu supporter la croissance de la densité de population. D’où la nécessité constante, durant des siècles, pour la population de migrer vers de nouveaux territoires à la recherche de terres arables plus fertiles, de conditions climatiques plus favorables à l’agriculture, etc. » (9) De plus, « les processus migratoires sont allés de pair avec le renforcement de l’État absolutiste, prêt à contrôler et à défendre de vastes zones du pays », et donc avec la constitution d’énormes forces armées, bien que « la taille extrêmement réduite du surproduit total ait objectivement créé des conditions extrêmement défavorables à la formation de la soi-disant superstructure par-dessus les éléments de base » (10).
Cette expansion coloniale, militaire et étatique séculaire vers le sud, le sud-est et l’est a progressivement englobé de vastes zones, des territoires périphériques « allogènes » de plus en plus étendus et des pays voisins de plus en plus éloignés, victimes de la conquête. Cette expansion s’est accompagnée de plusieurs centaines d’années de lutte de la part du Tsarat de Russie puis de l’Empire russe (1721-1917) pour l’accès aux ports libres de glace sur les mers à l’ouest et à l’est. D’où les questions légitimes auxquelles il est si difficile de répondre correctement : « Quand la colonisation russe a-t-elle commencé – avec l’occupation de Kazan, ville ethniquement étrangère, ou de Novgorod, ethniquement proche ? » La République de Novgorod est tombée sous les assauts de l’armée de Moscou en 1478, et le khanat de Kazan en 1552. « Où se situent les frontières de la métropole russe, où commencent les colonies russes, et comment les distinguer ? » Car elles ont été si mobiles… « Les frontières de la Russie se sont étendues à la fois avant la montée du tsarisme et pendant l’ère tsariste avec une telle rapidité que la distinction même entre “externe” et “interne” était fluide et indéterminée » (11).
Conquêtes militaro-coloniales
La formation historique de la Russie a été façonnée dans le processus de conquêtes militaro-coloniales des campagnes et des paysans russes et de guerres paysannes, en fait anticoloniales, provoquées par elles, de colonisations internes et externes, de conquêtes, de pillages et d’oppressions coloniales d’autres peuples. Comme le dit à juste titre Alexandre Etkind, « aussi bien dans ses frontières lointaines que dans sa sombre profondeur, l’empire russe était un immense système colonial » (12). Contrairement à la mythologie russe, la conquête d’un pays aussi énorme que la Sibérie n’a pas « étendu le territoire moscovite jusqu’à la frontière avec la Chine », mais a transformé la Sibérie en une colonie typique. Pourtant il est devenu courant de percevoir la Sibérie comme une partie inséparable de la Russie, de même que plus tard la Pologne, la Lituanie, la Finlande, le Caucase, Boukhara et Touva – entre autres.
Certains historiens russes, apportant ainsi leur contribution théorique à la construction de « l’idée russe » dominante et, comme il est évident aujourd’hui, intemporelle, ont très habilement appelé ce phénomène « l’auto-colonisation de la Russie » : les terres successives dont elle s’est emparée ne sont pas devenues ses colonies, mais elle s’est « colonisée elle-même » (13), car elle était sans bornes (et le reste dans son idéologie dominante, de manière affirmée ou cachée). Après avoir pris l’Ukraine de la rive gauche du Dniepr au XVIIe siècle, la participation de la Russie à la partition de la République des Deux Nations (Pologne-Lituanie) dans les dernières décennies du XVIIIe siècle lui a permis de s’emparer de la majeure partie de l’Ukraine de la rive droite – soit au total 80 % des terres ukrainiennes. Cela s’est avéré être un gain stratégique fondamental, atteignant en profondeur l’Europe et déterminant la portée et le caractère eurasien de l’Empire russe.
Si la noblesse russe était un ordre dominant, la terre n’est jamais devenue entièrement la propriété privée du noble. Cela aurait été contraire aux intérêts primordiaux de cet État impérial, dans la construction duquel aucune classe sociale n’a joué un rôle aussi important que lui-même – ses appareils et son personnel bureaucratique. Ce n’était pas seulement la construction d’une armée colossale au prix même de 25 ans de service militaire de paysans et d’immenses infrastructures militaires et civiles financées par le travail forcé de centaines de milliers d’autres paysans, appartenant aussi bien à l’État qu’à des propriétaires terriens, mais aussi des brigades entières de maîtres envoyées au travail réellement forcé dans différentes parties du pays. De plus, comme le dit Milov, « la machine étatique a été contrainte de faire avancer le processus de division sociale du travail, et surtout la séparation de l’industrie et de l’agriculture », contre les modes d’exploitation dominants qui entravaient ce processus.
Servage industriel
En conséquence, « la participation de l’État à la création de l’industrie dans le pays a contribué à un bond gigantesque dans le développement des forces productives, bien que l’emprunt des “technologies occidentales” par la société archaïque au XVIIe et XVIIIe siècle ait eu un effet social monstrueux : est apparue une masse de travailleurs attachés pour toujours aux usines et aux lieux de travail (les “soumis à perpétuité”), ce qui a stimulé le glissement de la société vers l’esclavage » (14). L’énorme complexe militaro-industriel russe, dont le noyau était la métallurgie ouralienne, n’a pas été établi sur la base du développement des relations capitalistes, mais dans le cadre des relations féodales et tributaires (15).
Il est vrai que le capital a fleuri, mais il était précapitaliste et entravait le développement du capitalisme – « le capital marchand se développait non en profondeur, non en transformant la production, mais en largeur, accroissant le rayon de ses opérations », en se déplaçant « du centre vers la périphérie, à la suite des paysans qui se dispersaient et, à la recherche de terres nouvelles et d’exemptions fiscales, pénétraient sur de nouveaux territoires » (16). Fondés sur la coercition non économique, les modes d’exploitation précapitalistes ont dominé le mode de production capitaliste en Russie jusqu’à la révolution de 1917, non seulement dans l’agriculture mais aussi dans l’industrie, encore longtemps après la réforme de 1861.
Lorsque la social-démocratie russe s’est constituée en parti, le travail d’environ 30 % des ouvriers industriels était encore un travail de servage, et non un travail salarié, ce que cette social-démocratie, y compris Iskra, associant l’industrie (c’est-à-dire les forces productives, et non les relations de production) au capitalisme, n’a pas vu. « Même au début du XXe siècle, plus de la moitié des entreprises industrielles du principal noyau industriel (la sidérurgie) n’étaient pas capitalistes au sens strict du terme », affirme Mikhail Voeikov. Les méthodes précapitalistes d’extraction du surproduit du travail des producteurs directs qui prévalaient encore « ne permettaient pas au capital national d’effectuer l’accumulation nécessaire », c’est pourquoi « le capital étranger était si fort » (17). Là où le capital dominait déjà dans l’économie russe, c’était pratiquement immédiatement le grand capital et il y a eu rapidement des processus de monopolisation.
Multiplicité de révolutions
En Russie, donc, « l’impérialisme capitaliste du type moderne » est en train de naître, mais il est « enveloppé » – écrivait Lénine juste avant la révolution de 1917 – d’un « réseau particulièrement serré de rapports précapitalistes », si dense que « ce qui, d’une façon générale, prédomine en Russie, c’est l’impérialisme militaire et féodal » (18). Le fondement de cet impérialisme est « le monopole de la force militaire, l’immensité du territoire ou des commodités particulières de spoliation des allogènes, de la Chine, etc. », c’est-à-dire des peuples non russes à l’intérieur de la Russie elle-même et des peuples des pays voisins. En même temps, écrit encore Lénine, ils « suppléent en partie, remplacent en partie le monopole du capital financier contemporain, moderne » (19). Pratiquement tous les exégètes des écrits de Lénine sur l’impérialisme ne mentionnent pas cette proposition théorique, qui est capitale pour l’étude de la formation russe (20).
L’effondrement de cet enchevêtrement de l’impérialisme « militaire et féodal » russe avec l’impérialisme capitaliste n’a pas été l’œuvre d’une seule révolution, mais de diverses révolutions convergeant et divergeant, formant des alliances et s’affrontant violemment. La révolution russe était l’une d’entre elles. Au centre de l’empire, elle était ouvrière et paysanne ; dans la périphérie coloniale, elle était basée sur les minorités urbaines russes et russifiés et les colonies de peuplement. Elle avait un caractère colonisateur, tout comme le pouvoir russe des conseils qu’elle a instaurés, comme l’a démontré le bolchevik Georgi Safarov dans son ouvrage autrefois classique sur la « révolution coloniale » au Turkestan. « L’appartenance au prolétariat industriel de la colonie tsariste était un privilège national des Russes. C’est pourquoi, ici aussi, la dictature du prolétariat a pris dès les premiers instants une apparence typiquement colonisatrice » (21).
Mais parmi les peuples opprimés, la révolution russe a également déclenché des révolutions nationales. La plus territorialement étendue, la plus violente, la plus dynamique et la plus imprévisible d’entre elles a été la révolution ukrainienne. Son jaillissement, et encore plus l’élan qu’elle a pris, étaient inattendus. Une nation paysanne, sans « ses » propriétaires terriens et « ses » capitalistes, avec une mince couche de petite bourgeoisie et d’intelligentsia et une langue interdite, ne semblait pas destinée ou capable de la réaliser. Depuis que l’armée russe a anéanti en 1775 la Sitch zaporogue, le bastion des cosaques libres, le peuple ukrainien a pour la première fois revendiqué son indépendance. Effrayée par la révolution sociale qui avait porté les bolcheviks au pouvoir à Petrograd et à Moscou, la Rada centrale des partis ukrainiens petits-bourgeois l’a proclamée à Kiev, et s’est immédiatement impliquée dans une guerre avec eux.
Révolution nationale ukrainienne
Une partie des bolcheviks ukrainiens (bien que le pourcentage d’Ukrainiens parmi les membres du parti bolchevique en Ukraine ait été négligeable) souhaitaient néanmoins aussi une Ukraine révolutionnaire, soviétique comme la Russie, mais indépendante. Mais surtout, dans la gauche radicale, le Parti communiste ukrainien (borotbiste), séparé des bolcheviks et formé par l’aile gauche du Parti socialiste-révolutionnaire ukrainien et par une partie de l’aile gauche de la social-démocratie ukrainienne, voulait l’indépendance. Allié avec les bolcheviks, ce parti avait une base sociale incomparablement plus large que la leur.
L’alliance des borotbistes avec les bolcheviks était très difficile. Le chef du gouvernement bolchevique mis en place après la deuxième occupation de Kiev par l’Armée rouge en 1919, Khristian Rakovsky, venant de la Bulgarie, a ainsi proclamé que « décréter la langue ukrainienne comme langue d’État serait une mesure réactionnaire dont personne n’a besoin », car en général « la question ukrainienne et l’Ukraine ne sont pas tant un fait réel qu’une invention de l’intelligentsia ukrainienne » (22). Il n’était pas seul parmi les marxistes : Rosa Luxemburg affirmait que le nationalisme ukrainien relevait de « bouffonneries insensées », que c’était « une simple lubie, une sorte de manie de quelques douzaines d’intellectuels petits-bourgeois » (23). Estimant que « l’Ukraine est à la Russie ce que l’Irlande est à l’Angleterre », qu’il s’agissait d’une colonie et que son peuple opprimé devait obtenir l’indépendance, Lénine était en revanche une exception, mais il ne l’a dit publiquement qu’une seule fois (24).
À la politique du gouvernement Rakovsky sur la question nationale s’ajoutait une politique ultragauche sur la question agraire, qui, contrairement au décret bolchevique sur la terre, ne visait pas la parcellisation des propriétés foncières au profit des paysans, mais la transformation de ces propriétés en fermes collectives des ouvriers agricoles. Les réquisitions de céréales par l’État et le « communisme de guerre » en général ont jeté de l’huile sur le feu. Tout cela a entraîné une forte marée de soulèvements paysans antibolcheviks en 1919 (on en a compté 660, grands et petits), ce qui a coupé l’Ukraine de la Hongrie et empêché l’armée rouge ukrainienne de venir au secours de la République des conseils hongroise, alors que c’était son seul espoir de survie. En Ukraine même, ces soulèvements ont ouvert la voie à l’offensive des troupes de la Garde blanche du général Anton Denikin sur Moscou (25). Il est vrai que Rakovsky lui-même a rapidement tiré des conclusions sérieuses de la politique désastreuse de son gouvernement, mais il ne l’a fait qu’après son effondrement.
Communistes indépendantistes
Dans une grande partie de l’Ukraine du Dniepr, la lutte contre l’occupation par la Garde blanche russe reposait sur les épaules de mouvements partisans et insurgés, dirigés par les communistes-borotbistes, qui étaient le parti le plus fort dans la clandestinité, et par les anarcho-communistes de Nestor Makhno. Après la défaite de Dénikine, l’Armée rouge a, pour la troisième fois consécutive, garanti le pouvoir aux bolcheviks. Ce n’est qu’alors, en février 1920, qu’ils décidèrent en Ukraine d’abandonner leur approche doctrinaire de la question agraire et de distribuer les terres aux paysans. Bien qu’étant minoritaires, ils ont fait des borotbistes leurs partenaires de coalition très minoritaires soumis de diverses manières.
Lénine avait très peur qu’une fois la guerre civile et l’intervention étrangère terminées, il y ait un soulèvement armé des borotbistes contre les bolcheviks si ces derniers s’opposaient à l’indépendance de l’Ukraine soviétique. Il a exigé de ses camarades : « La plus grande prudence possible en ce qui concerne les traditions nationales, le respect le plus strict de l’égalité de la langue et de la culture ukrainiennes, l’obligation pour tous les fonctionnaires d’apprendre l’ukrainien » (26). Car il savait très bien que si vous « grattez tel communiste, vous découvrirez le chauvin grand-russe » (27).
Il a affirmé publiquement : « Aussi est-il évident et admis de tout le monde que seuls les ouvriers et les paysans d’Ukraine peuvent décider et décideront, à leur congrès national des Soviets, si l’Ukraine doit fusionner avec la Russie » en une seule république soviétique, « ou constituer une République autonome, indépendante » unie par une union (fédération) avec la Russie, « et dans ce dernier cas, quel lien fédératif doit l’associer à la Russie ». Ce n’est pas pour cette raison, a-t-il déclaré, « que les communistes se diviseraient ». Il n’acceptait pas une confédération. Du fait que la nation ukrainienne était historiquement une nation opprimée par la Russie, expliquait-il, « [nous] devons[-nous], nous les communistes grands-russes, être conciliants quand nous avons des divergences avec les communistes bolcheviks ukrainiens et les borotbistes, lorsque ces divergences portent sur l’indépendance de l’Ukraine, les formes de son alliance avec la Russie et, d’une façon générale, sur la question nationale. » (28)
« Cette victoire vaut une paire de bonnes batailles »
Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit, les seconds devant céder le pas aux premiers dans ces domaines – et ce sous la menace de la « liquidation ». À huis clos, Lénine a postulé une Ukraine « indépendante pour le moment », « en étroite fédération » avec la Russie et un « bloc temporaire avec les borotbistes », ainsi qu’une « propagande simultanée en faveur de la fusion complète » de l’Ukraine et de la Russie en un État unitaire. Il a rapidement ajouté que « la lutte contre le mot d’ordre d’union aussi étroite que possible » avec la Russie est « contraire aux intérêts du prolétariat », de sorte qu’en Ukraine « toute la politique doit systématiquement et sans relâche viser la liquidation des borotbistes dans un avenir proche », et il « demand[ait] instamment que les borotbistes soient accusés non pas de nationalisme, mais de tendances contre-révolutionnaires et petites-bourgeoises » (29).
La « liquidation » n’a pas eu lieu parce que, que ce soit pour le bien de la cause de la révolution socialiste internationale ou simplement parce qu’ils se sont rendu compte qu’on leur avait mis un revolver sur la tempe, ils ont eux-mêmes dissous leur parti (30). Comme l’a expliqué Lénine, « nous avons vu, au lieu d’un soulèvement des borotbistes devenu à peu près inévitable, les meilleurs éléments borotbistes adhérer à notre parti, sous notre contrôle, avec notre assentiment, tandis que les autres disparaissaient de la scène politique. Cette victoire vaut une paire de bonnes batailles. » (31)
À la lumière des combats idéologiques d’une impressionnante conséquence, menés par Lénine pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes jusqu’à la séparation, et de sa politique réelle dans ce domaine, la manière dont il concevait réellement ce droit inhérent à sa pensée reste, sinon un mystère, du moins quelque chose de totalement inexploré. Toute la littérature marxiste ou se présentant comme telle consacrée à son interprétation de ce droit a le caractère exégétique, apologétique ou épigone. Elle fait l’autruche face au fait historique que partout dans les périphéries coloniales de la Russie où le pouvoir de son parti s’est imposé, ou plus précisément là où l’Armée rouge l’a affirmé, cette loi n’a pas été exécutée et il n’y avait aucun moyen de tenter de la faire appliquer sans être accusé de contre-révolutionnaire.
Contradiction au cœur de la révolution
La révolution en Russie n’a pas détruit l’impérialisme russe. Avec le capitalisme, elle a renversé « l’impérialisme capitaliste moderne » et supprimé la base précapitaliste (féodale et tributaire) de l’impérialisme militaire. Mais elle n’a pas déraciné les conditions de reproduction du monopole non économique russe qui le constituait, « la puissance militaire, le territoire incommensurable ou les conditions particulièrement commodes pour piller » les autres peuples des périphéries intérieures et extérieures de la Russie. Dans la mesure où la révolution a embrassé la périphérie et s’y est répandue, parmi les peuples opprimés, sous la forme de révolutions nationales, elle a obligé ce monopole à reculer. En même temps, elle l’a reproduite dans la mesure où elle s’est répandue du centre à la périphérie sur le mode de la conquête militaire. Cette contradiction, qui était au cœur de la révolution russe, lui était inhérente et impossible à résoudre dans son propre cadre. Beaucoup dépendait maintenant de quel côté de la contradiction allait s’imposer.
À la suite de l’effondrement de l’Empire russe, la Finlande, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et la Pologne s’en sont successivement détachées, et à la suite de la défaite désastreuse subie lors de la guerre de 1920 avec la Pologne, la Russie soviétique a perdu une partie de l’Ukraine (et de la Biélorussie). Pour la survie de l’impérialisme russe, il était décisif de savoir si l’Ukraine soviétique se séparerait. Lorsque l’Union soviétique prenait forme en tant qu’organisme étatique en 1922-1923, les bolcheviks ukrainiens parlaient ouvertement du fait que « les préjugés de grande puissance, nourris par le lait maternel, étaient devenus un instinct chez de très nombreux camarades », parce que « dans la pratique, aucune lutte contre le chauvinisme de grande puissance n’a été menée dans notre parti » (32). Rakovsky s’était alors farouchement opposé à Staline, à la tête de ceux qui réclamaient l’indépendance de l’Ukraine et la création d’une union d’États soviétiques indépendants (33). Ils ont perdu, mais leur défaite était alors incomplète.
Les transformations de l’impérialisme russe
La direction centrale du parti bolchevique, dirigée par Staline, a opposé aux aspirations à l’indépendance une nationalisation linguistique et culturelle des républiques non russes. De manière inattendue pour ses promoteurs moscovites, l’ukrainisation s’est transformée en un prolongement de la révolution nationale ukrainienne, qu’elle a ravivée et remarquablement revitalisée. Elle a duré presque 10 ans, jusqu’en 1932. L’extermination par la faim (Holodomor) et l’écrasement de l’ukrainisation par la terreur (34) furent à la fois un acte constitutif de la bureaucratie stalinienne séparée de la bureaucratie thermidorienne qui régnait jusqu’alors (et allait bientôt être exterminée par elle) et un acte de renaissance – cette fois de l’impérialisme russe militaro-bureaucratique [35].
Ce dernier a été consolidé par l’unification des terres ukrainiennes (et biélorusses) à la suite de la partition de la Pologne par Hitler et Staline, et par l’annexion des États baltes, accomplie en 1939 et confirmée en 1944, au cours de la guerre victorieuse contre l’impérialisme allemand. Le pillage gigantesque du potentiel industriel de la zone soviétique d’occupation de l’Allemagne ainsi que la domination sur les États d’Europe de l’Est, maintenus en échec politique par la menace permanente d’une intervention militaire, ont consolidé cette renaissance de l’impérialisme russe [36].
La chute soudaine, totalement inattendue, de l’URSS en 1991 a révélé la nature de cet État, créé sur la base de la Grande Terreur de Staline. Ce que l’Ukraine n’a pas réussi à réaliser lors de l’effondrement de l’Empire russe, elle a pu le faire lors de l’effondrement de l’Union soviétique. Elle a ensuite réussi à se détacher, comme 14 autres des plus grandes nations non russes. En déclarant son indépendance, elle a porté un coup décisif à l’impérialisme militaro-bureaucratique russe.
Restauré sur les ruines de l’URSS, le capitalisme russe reste dépendant du même monopole non économique dont dépendaient les modes d’exploitation passés et, comme eux, il est dénaturé par cette dépendance. L’État russe protège la propriété privée capitaliste, mais en même temps il la restreint parce qu’elle est soumise à sa coercition, tout comme la fusion de son appareil avec les grands capitaux restreint et dénature la concurrence entre eux. C’est ainsi que sous le poids de ce monopole en Russie ont pris forme le capitalisme oligarchique d’État et l’impérialisme militaro-oligarchique.
L’impératif de la reconquête
Cependant, ce monopole lui-même a subi une dégradation énorme, bien qu’extrêmement inégale. La Russie a conservé son « monopole de la force militaire » dans la mesure où, après l’effondrement de l’URSS, elle est restée la plus grande puissance nucléaire du monde avec une énorme armée. En revanche, son monopole de « l’immensité du territoire ou des commodités particulières de spoliation » des autres peuples a profondément décliné. Comme l’a observé Zbigniew Brzezinski après l’effondrement de l’URSS, les frontières de la Russie ont reculé de façon spectaculaire « aux limites dont elle était sortie dans un passé déjà lointain. Dans le Caucase, elle s’arrêtait aux frontières du début du XIXe siècle, en Asie centrale, à celles fixées au milieu du même siècle, et – plus douloureux encore – elle retrouvait à l’ouest les dimensions atteintes à la fin du règne d’Ivan le Terrible, vers 1600 ». Le pire de tout, « sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. Et quand bien même elle s’efforcerait de recouvrer un tel statut, le centre de gravité en serait alors déplacé, et cet empire pour l’essentiel asiatique serait voué à la faiblesse ». Brzezinski avait raison lorsqu’il écrivait que « pour Moscou, en revanche, rétablir le contrôle sur l’Ukraine – un pays de cinquante-deux millions d’habitants doté de ressources nombreuses et d’un accès à la mer Noire –, c’est s’assurer les moyens de redevenir un État impérial puissant, s’étendant sur l’Europe et l’Asie » (37).
C’est pourquoi l’impérialisme russe s’est lancé dans la reconquête de l’Ukraine, où son destin même est en jeu.
Notes
- I. Banac (sous la direction de), The Diary of Georgi Dimitrov, 1933-1945, Yale University Press, New Haven-Londres 2003, p. 65.
- Lénine, « La faillite de la II Internationale-5 » : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/05/19150500f.htm
- С.А. Нефедов, « Реформы Ивана III и Ивана IV: османское влияние », Вопросы истории [S.A. Nefedov, « Les réformes d’Ivan III et Ivan IV : l’influence ottomane », Voprosy istorii] n° 11, 2002, pp. 30-53.
- Р.Г. Скрынников, Царство террора, Наука [R.G. Skrynnikov, Règne de la Terreur, Naouka], Saint-Pétersbourg 1992, p. 512.
- Л.В. Милов, Великорусский пахарь и особенности российского исторического процесса, РОССПЭН [L.V. Milov, Le laboureur grand-russe et les particularités du processus historique russe, ROSSPEN], Moscou 2001, p. 7.
- Ibidem, pp. 554-556.
- Ibidem, p. 556.
- Ibidem, pp. 481-482, 556.
- Ibidem, p. 566.
- Л.В. Милов, „Особенности исторического процесса в России”, Вестник Российской Академии наук [L.V. Milov, « Particularités du processus historique en Russie », Messager de l’Académie des sciences de Russie] t. 73 n° 9, 2003, p. 777.
- А. Эткинд, Д. Уффельманн, И.Кукулин, „Внутренная колонизация России: Между практикой и воображением”, [А. Etkind, D. Uffelmann, et I. Koukouline, « La colonisation interne de la Russie : entre pratique et imagination »], dans : А. Эткинд, Д. Уффельманн, И.Кукулин (ред.), Там, внутри. Практики внутренней колонизации в культурной истории России, Новое литературное обозрение [A. Etkind, D. Uffelmann, et I. Koukouline (sous la direction de), Là-bas, à l’intérieur. Pratiques de colonisation interne dans l’histoire culturelle de la Russie, Novoe literatournoe obozrenie], Moscou 2012, pp. 10, 12.
- A. Etkind, Internal Colonization. Russian Imperial Experience, Polity, Cambridge-Malden 2011, p. 26.
- Ibidem, pp. 61-71 ; A. Etkind, « How Russia “Colonized Itself”. Internal Colonization in Classical Russian Historiography », International Journal for History, Culture and Modernity t. 3 n° 2, 2015, pp. 159-172.
- Л.В. Милов, op. cit., p. 777.
- В.В. Алексеев, „Протоиндустриализация на Урале” [V.V. Alekseev, «Proto-industrialisation en Oural »], dans: Экономическая история России XVIIXX вв.: Динамика и институционально-социокультурная среда, УрО РАН [Histoire économique de la Russie aux XVIIeXXe siècles : Dynamique et environnement institutionnel et socioculturel, OurO RAN], Ekaterinbourg 2008, pp. 63-94.
- Trotski, Histoire de la révolution russe, 40-La question nationale, https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm
- М. Воейков, „Великая реформа и судьбы капитализма в России (к 150-летию отмены крепостного права)”, Вопросы экономики [М. Voeikov, « La Grande Réforme et le destin du capitalisme en Russie (à l’occasion du 150 anniversaire de l’abolition du servage) », Voprosy ekonomiki] n° 4, 2011, pp. 135, 123, 136.
- Lénine, « Le socialisme et la guerre » (https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htm) ; du même, « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » (https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp6.htm)
- Lénine, « L’impérialisme et la scission du socialisme », https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/10/vil191610001.htm
- Cf. Z.M. Kowalewski, « Impérialisme russe », Inprecor n° 609/610, octobre-décembre 2014, pp. 7-9.
- Г. Сафаров, Колониальная революция (Опыт Туркестана), Госиздат [G. Safarov, Révolution coloniale (L’expérience du Turkestan), Gosizdat], Moscou 1921, p. 72. Cette œuvre fondamentale pour le développement de la pensée anticoloniale, interdite et condamnée à l’oubli éternel par Staline, n’est ressortie qu’en 1996 au Kazakhstan. À l’échelle internationale, elle reste presque totalement inconnue à ce jour.
- П. Христюк, Замітки і матеріали до історії української революції 1917-1920 рр. t. IV, Український соціологічний інститут [P. Khrystiouk, Notes et matériaux pour l’histoire de la révolution ukrainienne de 1917-1920 t. IV, Institut ukrainien de sociologie], Vienne 1922, p. 173.
- R. Luxemburg, La Révolution russe: https://www.marxists.org/francais/luxembur/revo-rus/rrus3.htm#ftn5
- Cité d’après П. Кравчук, « Під проводом благородних ідей (6) », Життя і Слово (Toronto) [P. Kravtchouk, « Sous la direction des idées nobles (6) », Zhyttia i Slovo] n° 26 (183), 1969, p. 18. Le texte de ce discours a été perdu et n’est connu que par les rapports de la presse de l’époque. Voir R. Serbyn, « Lénine et la question ukrainienne en 1914. Le discours “séparatiste” de Zurich », Pluriel-débat n° 25, 1981, pp. 83-84.
- Cf. Z.M. Kowalewski, « L’indépendance de l’Ukraine : préhistoire d’un mot d’ordre de Trotski », Quatrième Internationale, n° 32/33 de mai-juillet 1989, pp. 81-99.
- В.И. Ленин, Неизвестные документы. 1891-1922 гг., РОССПЭН [V.I. Lénine, Documents inconnus. 1891-1922, ROSSPEN], Moscou 2000, p. 306.
- Lénine, « VIII Congrès du PC(b)R. Conclusions après la discussion du rapport sur le programme du parti, le 19 mars » : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/03/d8c/vil19190300-05c8.htm
- Lénine, « Lettre aux ouvriers et aux paysans d’Ukraine à l’occasion des victoires remportées sur Dénikine » : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/01/vil19200104.htm
- В.И. Ленин, Неизвестные документы, p. 306 ; В.И. Ленин, „Проект резолюции об украинской партии боротьбистов” et „Замечания к резолюции исполнительного комитета коммунистического Интернационала по вопросу о боротьбистах”, Полное собрание сочинений t. 40, Политиздат [Lénine, „Projet de résolution sur le parti borotbiste ukrainien » et « Remarques sur la résolution du Comité exécutif de l’Internationale communiste sur les borotbistes », Œuvres complètes t. 40, Politizdat], Moscou 1974, pp. 122, 152.
- Les circonstances et le déroulement de l’auto-dissolution du PCU(b) ont été examinés par Д.В. Стаценко, « Самоліквідація осередків Української комуністичної партії (боротьбистів) у 1920-му році (на прикладі Полтавщини) », Iсторична пам’ять. Науковий збірник [D.V. Statsenko, « Auto-liquidation du Parti communiste ukrainien (borotbiste) en 1920 (sur l’exemple de la région de Poltava) », Istorytchna pam’yat’. Naoukovyi zbirnyk] t. 29, 2013, pp. 58-70.
- Lénine, « Conclusions après le rapport du Comité central, le 30 mars » : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/04/d9c/vil19200400-04c9.htm
- Ce sont les propos de Mykola Skrypnyk, l’un des principaux dirigeants des bolcheviks ukrainiens. Двенадцатый съезд РКП(б). 17-25 апреля 1923 года. Стенографический отчёт, Политиздат [Douzième Congrès du PCR(b). 17-25 avril 1923. Rapport Verbatim, Politizdat], Moscou 1968, pp. 571-572.
- Г. Чернявский, М. Станчев, М. Тортика (Лобанова), Жизненный путь Христиана Раковского. 1873-1941. Европеизм и большевизм: неоконченная дуэль, Центрполиграф, [G. Tcherniavsky, M. Stantchev, M. Tortika (Lobanova), Le parcours de vie de Khristian Rakovsky. 1873-1941. Européanisme et bolchevisme : un duel inachevé, Tsentrpoligraf], Moscou 2014, pp. 165-191.
- L’analyse la plus précise de cet événement a été fournie par A. Graziosi, « Les famines soviétiques de 1931-1933 et le Holodomor ukrainien. Une nouvelle interprétation est-elle possible et quelles en seraient les conséquences ? », Cahiers du monde russe t. 46 n° 3, 2005, pp. 453-472.
- Cf. Z.M. Kowalewski, « Ouvriers et bureaucrates. Comment les rapports d’exploitation se sont formés et ont fonctionné dans le bloc soviétique », Inprecor n° 685/686, mai-juin 2021, pp. 35-61.
- Cf. D. Logan [J. van Heijenoort], « L’explosion de l’impérialisme bureaucratique », Quatrième Internationale, février 1946, pp. 5-10.
- Z. Brzezinski, The Grand Chessboard. American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, Basic Books, New York 1997, pp. 88, 82 [en français: Le grand échiquier : l’Amérique et le reste du monde, Bayard, Paris1997].
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