comité français du réseau européen de solidarité avec l' Ukraine
Amis, camarades !
Le régime en place, qui a déclenché une guerre en Ukraine, a logiquement conduit à une guerre civile au sein de la Fédération de Russie. On voit comment entre en collision l'État de Poutine, pourri par le cynisme, le mensonge et le vol, et l’armée privée d’un leader charismatique qui tente de canaliser le mécontentement légitime des soldats militaires et des civils pour instaurer une nouvelle dictature militaire. Une dictature qui va jeter des millions de citoyens russes dans la fournaise d'une guerre perdue d’avance et criminelle.
Ça suffit !
Les Russes qui veulent vivre en paix et développer leur pays n'ont aucun intérêt dans cette confrontation. Mais il ne sera pas possible de rester les bras croisés : la paix, la justice et la démocratie ne nous seront pas apportées sur un plateau, il faut nous battre. Oui, il est encore difficile d'imaginer une « troisième force » massive et militante capable de balayer d'un coup tous les responsables et bénéficiaires de la guerre. Elle n’apparaîtra pas en un jour. Mais elle apparaîtra.
Toutes ces années, envers et contre tout, nous avons combattu une dictature qui se radicalisait. Nous avons participé aux mobilisations contre les patrons du Kremlin qui ont écrasé tout le pays, nous avons perturbé des projets immobiliers spéculatifs meurtriers dans nos villes et nos forêts, nous avons empêché des fonctionnaires abrutis par la corruption de s’en sortir en toute impunité. Nous avons réussi beaucoup. Mais nous avons aussi échoué beaucoup. Parce que nombreux parmi nos amis, voisins et concitoyens s’acharnent à se tenir éloignés de la politique. Maintenant, il faut sauter le pas – pour survivre.
Il n'y a qu'une seule façon pour les gens ordinaires d'entrer en politique : l'auto-organisation. La création de nos propres structures capables de résister à celles imposées d'en haut - avec l'aide de l'argent, du simulacre et de la violence. Une entrée, une cour, une place, une caserne, une usine, un bureau, une université - tout cela doit être géré par des personnes prêtes à s'organiser, et non par quelqu'un qui est nommé d'en haut ou imposé par le "vote électronique ".
Que faire aujourd'hui ?
Renforcer tous les liens existants - avec les voisins, les compatriotes de nos territoires, les collègues - et en créer de nouveaux. Nous avons besoin de toutes les initiatives pour résoudre ensemble les problèmes quotidiens qui vont se poser inévitablement dans un avenir proche - avec l'électricité, la nourriture, Internet et les communications. Nous avons besoin de toutes les structures d'aide mutuelle et de protection collective - y compris contre la police et les groupes paramilitaires. Il nous faut des soviets, des comités de grève, des mouvements écologistes et sociaux capables de lancer et de radicaliser la lutte pendant que les forces de sécurité et les généraux bataillent entre eux. Nous avons besoin d'une structure large et démocratique sur tout le territoire, capable de désigner ses représentants et de revendiquer le pouvoir.
La dictature veut nous atomiser encore plus pour nous pousser plus loin dans la guerre, en liant nos intérêts aux leurs, nous liant tous dans le sang, nous intimidant par la défaite et la « fin de la Russie ». Mais si on se débarrasse de cette caste dirigeante d’oligarques et de militaires qui rêvent de nouveaux massacres, si on se débarrasse de leurs propagandistes, de leur bureaucratie et de leurs députés, ce ne sera pas la défaite de la Russie. Ce sera notre victoire. Arrêter la guerre, ramener les troupes chez elles, démanteler le régime militariste toxique et sa base oligarchique sont les principales revendications des Russes indignés et responsables aujourd'hui. Unissons-nous !