Courrier international
Déjà privés de vacances à l’étranger pendant la durée de la guerre, bon nombre de hauts fonctionnaires sont désormais menacés de poursuites pour “trahison” s’ils s’avisent de quitter leurs fonctions. En toute illégalité.
Vous voulez quitter votre poste ? Sachez que tant que dure l’“opération militaire spéciale” cela peut être considéré comme un acte de trahison. C’est ce que se sont vu répondre bon nombre de hauts fonctionnaires russes qui ont exprimé le souhait de partir vers d’autres horizons en cette deuxième année de guerre en Ukraine, affirme Important Stories.
Le site d’enquêtes a pu s’entretenir, sous couvert d’anonymat, avec un ancien officier du FSB (le service de sécurité intérieure russe), avec le conseiller politique d’un gouverneur de province, ainsi qu’avec deux membres de l’administration présidentielle (AP), une puissante institution rattachée à Vladimir Poutine et souvent qualifiée de “gouvernement bis”.
“Je suis au courant d’au moins deux cas de gouverneurs qui ont tenté de quitter leur poste, mais l’AP leur a non seulement interdit de le faire mais les a aussi menacés de poursuites pénales”, témoigne l’ancien membre du FSB.
Une information confirmée par un des fonctionnaires de l’AP : “On voit ça désormais comme une trahison. Les fonctionnaires doivent faire preuve d’unité, sinon on aura une perte de gouvernance”, affirme-t-il, précisant que “beaucoup ont exprimé le souhait de partir après le début de la guerre”.
Ces consignes restent, pour l’instant, informelles et, de fait, “illégales”, souligne Important Stories.
Comme le rappelle une enquête conjointe de la télévision Current Time et de Radio Svoboda, c’est de la même manière que des fonctionnaires mais aussi des employés d’entreprises appartenant à l’État ont été fortement poussés à ne pas prendre des vacances à l’étranger – surtout dans des pays désormais considérés comme “hostiles à la Russie”. Dans certaines administrations, on leur aurait même confisqué leur passeport.