Courrier international
Les Russes sont accusés par les Nations unies de bloquer les opérations de sauvetage internationales autour du barrage détruit de Kakhovka. Pour le Kremlin, il s’agit avant tout d’assurer la sécurité des représentants de l’ONU.
Le communiqué de Denise Brown est bref, mais le ton est sévère. La coordinatrice humanitaire de l’ONU en Ukraine a accusé, le 18 juin, la Russie de bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire aux alentours du barrage de Kakhovka, détruit le 6 juin dernier. “Nous exhortons les autorités russes à agir conformément aux obligations que leur impose le droit international humanitaire, a-t-elle écrit, citée par Novaïa Gazeta Europe. L’aide ne doit pas être refusée à ceux qui en ont besoin.”
“Le 16 juin, le représentant permanent de la Russie auprès de l’office des Nations unies à Genève, Gennady Gatilov, déclarait que son pays était prêt à discuter de la question des livraisons d’aide humanitaire par l’ONU dans les zones sinistrées”, rappelle le titre russe d’opposition. Mais depuis, les conséquences des inondations catastrophiques qui ont touché le sud de l’Ukraine ne semblent plus être la priorité de Moscou. Selon l’ONU, “le gouvernement de la Fédération de Russie a jusqu’à présent décliné [sa] demande d’accès aux zones placées sous son contrôle militaire temporaire”.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a certes fait savoir, par l’entremise de l’agence de presse russe Tass, que son pays agissait de la sorte parce qu’il n’était pas en mesure de garantir la sécurité des représentants de l’organisation internationale. “La zone est régulièrement bombardée [sous-entendu, par les Ukrainiens], a-t-il expliqué. Des provocations régulières ont lieu, les installations civiles sont bombardées, des gens sont bombardés, des gens sont tués, les choses sont compliquées. Il est très dur d’assurer leur sécurité.”
Manque de réactivité
Mais ces justifications ne semblent pas convaincre Novaïa Gazeta Europe. D’autant que les autorités russes ont été accusées d’être peu réactives depuis le début de la catastrophe.
“Des volontaires avaient déjà dénoncé le ministère des Situations d’urgence russe pour ne pas avoir évacué les habitants d’Olechky qui attendaient les secours, alors qu’eux-mêmes n’avaient pas été autorisés à entrer dans la ville. Le 10 juin, on apprenait que les familles étaient sans nouvelle d’au moins 395 personnes originaires des villes d’Olechky et de Hola Prystan, et des villages de Krynky et de Kokhany.”
Le bilan définitif de la destruction du barrage de Kakhovka, dont Kiev et Moscou se renvoient mutuellement la responsabilité, n’est pas encore connu. Mais les inondations qui en résultent ont déjà provoqué des évacuations massives, ainsi que la mort et la disparition de plusieurs dizaines de personnes.