Courrier international
Une collecte de signatures pour proposer un référendum dont l’objectif est d’abroger la loi qui permet à l’Italie d’envoyer des armes à Kiev a été lancée le 22 avril. Giuseppe Conte, leader du Mouvement 5 étoiles, a annoncé vouloir signer, ce qui constituerait un petit tremblement de terre pour la politique transalpine.
Intellectuel communiste très présent dans les médias, Moni Ovadia compte parmi les figures de proue du pacifisme en Italie. L’homme est l’un des promoteurs d’une collecte de signatures visant à proposer un référendum qui entend abroger (entre autres) la loi permettant à l’Italie d’envoyer des armes à l’Ukraine jusqu’à la fin de 2023. Et c’est tout naturellement qu’Il Fatto Quotidiano, un des journaux les plus critiques envers l’Otan, lui donne la parole pour justifier son initiative.
“Je crois que la majeure partie des Italiens vivent cette guerre avec beaucoup d’angoisse et qu’ils sont profondément opposés à l’envoi d’armes. Je ne sais pas si le référendum est l’instrument le plus approprié pour dire non, mais c’est important que les gens aient la possibilité de voter et de dire aux politiques qu’ils ne se sentent pas représentés par leurs choix sur le conflit. Après, évidemment, ils vont faire ce qu’ils veulent.”
Pour que celui-ci soit validé et puisse être organisé, les promoteurs du référendum devront obtenir 500 000 signatures en l’espace de quatre-vingt-dix jours.
Un objectif qui semble difficile à atteindre, bien que plusieurs sondages ont montré qu’une forte proportion des Italiens est défavorable à l’envoi d’armes. Néanmoins, au-delà du succès éventuel du référendum, la presse transalpine se demande quelles personnalités politiques franchiront le pas en apportant leur signature. Et force est de constater qu’un soutien de renom est déjà arrivé : celui de Giuseppe Conte.
En effet, comme l’explique La Repubblica, l’ancien Premier ministre et leader du Mouvement 5 étoiles (M5S) “a annoncé qu’il signerait le référendum abrogatif, indique le média de gauche. Il a réfléchi à la question mais a fini par s’en convaincre”, en affirmant que :
“Celui-ci est conforme avec les positions du M5S.”
Un référendum promu par des antivax ?
Cette décision risque de faire parler d’elle, non seulement, note Linkiesta, parce que “ce référendum est aussi promu par des personnalités proches de la galaxie antivax”, mais aussi et surtout, affirme le média progressiste, car “cette décision vise à détruire toute possibilité d’accord futur avec le Parti démocrate [PD, centre gauche]”.
Selon l’analyse du site d’information (féroce critique du M5S), cette prise de position serait inconciliable avec la ligne exprimée par le Parti démocrate, qui a toujours soutenu l’envoi d’armes à l’Ukraine. Mais avec l’arrivée d’Elly Schlein à la tête du PD, il est sûrement encore trop tôt pour dire si une alliance entre les deux plus grands partis d’opposition pourra être formée ou non.