Courrier international
Depuis son retrait, le 17 juillet, de l’accord céréalier, la Russie a déjà bombardé trois fois le port d’Odessa. Une nouvelle escalade qui ne restera pas sans conséquences, affirment les médias ukrainiens.
S’agit-il d’un coup de bluff du Kremlin ou de l’ouverture d’un nouveau théâtre des opérations dans la guerre russo-ukrainienne ? La plupart des sources ukrainiennes penchent plutôt pour la deuxième solution.
Si les premières frappes sur Odessa et le littoral ukrainien de la mer Noire ont eu lieu dès la nuit du 18 juillet – la Russie ayant dénoncé l’accord céréalier la veille –, elles ont augmenté en intensité depuis. “Dans la nuit du 19 juillet, signale ainsi la version ukrainienne de la Deutsche Welle, la Fédération de Russie a tiré sur les infrastructures portuaires à Odessa, endommageant trois terminaux, et elle a détruit 60 000 tonnes de céréales dans le port de Tchornomorsk.”
Puis, indique le portail d’information Vesti, Odessa et Mykolaïv ont été “visées par des attaques russes avec différents types de missiles et de drones. Il y a des victimes dans les deux villes.” “Odessa. Mykolaïv. Les terroristes russes continuent de chercher à détruire la vie de notre pays. Malheureusement, il y a des blessés, des morts…” a déploré le président Volodymyr Zelensky, cité par le site Obozrevatel. Du côté russe, le quotidien en ligne Oukraïnska Pravda précise :
“Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que les frappes sur Odessa et Mykolaïv du 20 juillet, qui ont fait des victimes dans la population civile, seraient une vengeance pour les dommages causés au pont de Crimée”
Au risque de fâcher Pékin
Toutefois, dans leur volonté d’interrompre les exportations de céréales ukrainiennes, les Russes joueraient avec le feu, estime-t-on à Kiev. Ainsi, la version ukrainienne de la Deutsche Welle assure dans un autre article que “Poutine veut encore utiliser les exportations de blé comme une arme, mais cela pourrait coûter au Kremlin son amitié avec la République populaire de Chine”.
Les pays africains qui dépendent des livraisons ukrainiennes “redoutent certes d’être confrontés au spectre de la famine”, mais “un des plus gros acheteurs de céréales ukrainiennes, c’est la Chine communiste”.
“Là-bas, une sécheresse dans le Nord et des inondations dans le Sud ont fortement diminué les récoltes de céréales et de riz. Si la décision de Poutine entraîne un déficit alimentaire global, la stabilité des autorités chinoises sera menacée.”
Un avertissement de Kiev
Dans Vesti, Iouri Ihnat, porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, explique pourquoi les frappes russes de ces derniers jours ont été si destructrices. La Russie aurait entre autres utilisé des “missiles Oniks, capable de voler à grande vitesse et à très faible altitude. Cela complique le travail de la défense antiaérienne – il est très difficile d’abattre ces missiles.”
Ihnat donne plus de détails : “Les missiles Oniks sont prévus pour détruire des navires, ils volent à Mach 2,6, soit plus de 3 000 km/h. En vol, ils peuvent atteindre une haute altitude pour économiser du carburant, mais à l’approche de la cible, ils peuvent voler à 10-15 mètres au-dessus de la surface de l’eau.” “Il est difficile de lutter contre ce type de missile, sauf dans le domaine de la guerre électronique”, au moyen du brouillage. “Ce qui fait que tous les missiles n’atteignent pas leur but.”
Dans ce qui s’annonce comme une aggravation de la guerre navale en mer Noire, la Russie a par ailleurs prévenu qu’elle traiterait désormais tous les navires étrangers entrant dans les ports ukrainiens comme transportant des cargaisons militaires.
En riposte, dans la journée du 20 juillet, le ministère de la Défense ukrainien a émis un avertissement de même type, déjà relayé par les Internautes : “À partir du 21 juillet 2023 à minuit, tous les navires se dirigeant en mer Noire vers les ports de la Fédération de Russie et les ports ukrainiens situés sur le territoire de l’Ukraine temporairement occupés par la Russie pourront être considérés par l’Ukraine comme transportant des cargaisons militaires, avec les risques que cela implique.”
Et le communiqué de conclure : “Le sort du croiseur Moskva prouve que les forces de défense de l’Ukraine disposent des moyens nécessaires pour repousser l’agression russe en mer.”